Brussels, 27 September 2023
The day of the show starts early. I pack three bags: an IKEA bag, a makeup bag and a huge suitcase, where I put my wigs, my dresses, my makeup, my props. I shave all the parts I don’t want to have hair on. I get into the taxi, I get to the venue.
And that’s where the magic starts: when I start doing my makeup. I like to take 3 hours if I have time. You start with erasing your face to build a new one. You prepare your canvas. So I block my brows. I’ve shaven. I put a hell of a lot of colour blocking on my beard, so my beard doesn’t show. Then I do my foundation, and basically, at that part, I’m 2D. I look like an egg. There are no dimensions to my face anymore. I remove Sergejs.
And then I started carving my face with contour. I carve my cheeks, I carve my smaller forehead. I put my brows in a completely different place than they are normally. Now I have a structure. I have a skeleton of what it will be. And then come the eyes. I have huge eyes, but I exaggerate them even further because drag is also about more, bigger, exaggeration. I always do my lips last.
Before my lips are in place, I don’t feel it. But as soon as I draw my lips, which are way further exaggerated than the normal line of my lips, I look at myself and I see, okay, Belligerency is here. Then I put a wig on and that’s when I feel the full fantasy. I’m now Belligerency.
I get into my costume and in a few minutes, I will be on stage in Brussels, kicking off the next Propaganda.
Propaganda is the show that we created last year because we saw that people of specific marginalised groups are not represented in an entertainment culture scene that much. We wanted to bring awareness about what is going on elsewhere, a little bit away from Western Europe. The idea is to mix entertainment and ShowMaking with politics, because drag is not just about sparkle and sequins, it can educate you about something.
I am half-Armenian. Since I got into drag, I received a lot of death threats and a lot of other horrible things. Back there for many people, you can’t be Armenian if you’re queer and you can’t be queer if you’re Armenian.
But it’s an important part of me, and I will bring it on stage. And, when it comes to politics, the Armenian genocide and the war in Artsakh (Artsakh is the name given by the Armenians to Nagorno Karabagh, ed.), I will talk about it, because nobody talks about it. And I feel like people in Artsakh are voiceless. They are not noticed. They’re kind of like a nuisance, and we need to talk about it.
At the end of the performance, I incorporated all the ugly things that people and my family told me. Somebody texted me, like, I will rape you until you’re not a matter anymore. Another message said: you are a shame to our family.
Performing it in front of an audience also helps me to kind of disconnect from this. I leave that negative energy that is directed to me constantly as a queer Armenian person, on stage and share it with somebody else.
That’s the power of drag. It liberates you. You feel so free. You feel so powerful. It’s like armor. It’s like a weapon, like a secret weapon that you have. You are invincible in drag.
Belligerency is the stage name of Sergejs, an artist and co-founder of the drag & queer show Propaganda in Brussels. Belligerency is Latvian and Armenian, and with his co-founders Krasna and King Kovaci they seek to spotlight marginalised and erased queerness and give voice to the LGBTQIA+ community in Eastern & Southern Europe and West Asia. Their past shows included performances on the Russian invasion of Ukraine, the Armenian genocide, political repressions in the Soviet Union and revolutions.
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Bruxelles, 27 septembre 2023
Les jours de spectacle commencent tôt. Je prépare trois sacs : un sac IKEA, une trousse de maquillage et une grande valise dans laquelle je mets ma perruque, mes robes et mes accessoires. Je rase tous les endroits de mon corps où je ne veux pas voir de poils. Puis je monte dans le taxi, direction le théâtre.
C’est là que la magie opère, lorsque je commence à me maquiller. Quand je peux, j’aime y consacrer trois heures. Il faut d’abord effacer son visage pour pouvoir s’en construire un nouveau, préparer sa toile. Je recouvre mes sourcils de maquillage. Je suis rasé, mais j’applique aussi beaucoup de maquillage sur ma barbe pour ne pas qu’elle se voit. Puis je passe au fond de teint. En gros, à cette étape, je suis en 2D. Je ressemble à un œuf. Il n’y a plus de relief sur mon visage. J’efface Sergejs.
Puis je commence à sculpter mon visage avec du maquillage de contouring. Je sculpte mes pommettes. Je sculpte un plus petit front. Je dessine mes sourcils à un autre endroit que leur place habituelle. Et là j’ai une structure. J’ai l’esquisse de ce à quoi ça va ressembler. Puis c’est au tour des yeux. J’ai de grands yeux naturellement, mais je les accentue encore plus, car le drag show, c’est aussi ça : le plus, le plus grand, l’exagération.
Je finis toujours par les lèvres. Avant de faire la bouche, je ne ressens rien. Mais dès que je dessine mes lèvres, dont j’exagère beaucoup la ligne, je me regarde dans le miroir et je me dis : “OK, Belligerency est là.” Puis, je mets ma perruque et c’est là que le fantasme prend corps. Maintenant, je suis Belligerency.
J’enfile mon costume. Dans quelques minutes, je serai sur scène, à Bruxelles, pour lancer la nouvelle représentation de Propaganda.
Propaganda, c’est le show que nous avons créé l’année passée, car nous nous sommes rendu compte que certains groupes marginalisés étaient peu représentés dans le divertissement et la scène culturelle. Nous voulions attirer l’attention sur ce qui se passe ailleurs, au-delà de l’Europe occidentale. L’idée est de mélanger le divertissement, le show et la politique. Parce que le drag, ce n’est pas que les paillettes et les sequins. Ça peut aussi t’éduquer, t’apprendre des choses.
Je suis moitié Arménien. À partir du moment où j’ai commencé le drag, j’ai reçu des menaces de mort et plein d’autres choses horribles. Là-bas, tu ne peux pas être Arménien·ne si tu es queer, et tu ne peux pas être queer si tu es Arménien·ne.
Mais c’est une part importante de moi et je l’amène sur scène. Pareil pour la politique, le génocide arménien et la guerre en Artsakh (le nom donné par les Arménien·ne·s au Haut Karbagh, ndlr.), j’en parle, car personne n’en parle. J’ai le sentiment qu’on ne donne pas la parole aux gens là-bas. On ne fait pas attention à elles et eux. On les considère comme une sorte de nuisance, pourtant il faut en parler !
À la fin du spectacle, j’ai incorporé tous les trucs affreux que les gens ou ma famille me disent à moi en tant qu’être humain, que queer et que drag queen. Il y a eu ce message : “Je vais te violer jusqu’à ce que tu ne sois plus un problème.” Ou des phrases comme “tu es la honte de la famille”.
Performer tout ça en face du public m’aide aussi à m’en détacher. Je laisse sur la scène toute cette énergie négative qui est constamment dirigée contre moi et je la partage avec d’autres.
C’est le pouvoir du drag. Ça te libère. Tu te sens libre. Tu te sens puissant·e. C’est comme une armure. Et c’est comme une arme. Un arme qui t’appartient. En drag, tu es invincible.
Belligerency est le nom de scène de Sergejs, artiste et co-fondateur·ice du drag & queer show Propaganda à Bruxelles. Belligerency est lettone et arménienne, et avec les autres co-fondateur·ice·is, Krasna et King Kovaci, elle cherche à mettre en lumière les communautés queer marginalisées ou reniées en Europe de l’Est, du Sud et en Asie de l’Ouest. Dans leurs précédents shows, les trois collègues se sont focalisé·e·s sur l’invasion de l’Ukraine, le génocide arménien, les révolutions et les répressions politiques en URSS.
Ce témoignage a d’abord été publié dans notre newsletter In Vivo. Pour recevoir d’autres histoires similaires assorties de recommandations culturelles toutes les deux semaines, abonnez-vous gratuitement à notre newsletter.
Bruxelles, 27 settembre 2023
Il giorno dello spettacolo inizia presto. Preparo tre borse: una dell’IKEA, una per il trucco e un’enorme valigia, dove metto le parrucche, i miei vestiti, il trucco, gli oggetti di scena. Mi rado tutte le parti del corpo in cui non voglio che ci siano peli. Salgo sul taxi e arrivo al luogo dello spettacolo.
È qui che inizia la magia: quando inizio a truccarmi. Mi piace metterci3 ore, se ho tempo. Inizio cancellando il mio viso per costruirne uno nuovo. Preparo la tela. Quindi nascondo le sopracciglia sotto uno strato di trucco. Ho la barba a zero, ma applico uno strato di colore in più perché non si intraveda. Poi metto il fondotinta e in pratica, a quel punto, sono in 2D. Sembro un uovo, il mio viso non ha più dimensioni. Rimuovo Sergejs.
Poi inizio a modellare il mio viso con il contorno. Scolpisco le guance, una fronte più piccola. Metto le sopracciglia in un posto completamente diverso da quello in cui sono normalmente. Ora ho una struttura, ho uno scheletro di ciò che sarà. E poi arrivano gli occhi. Ho degli occhi enormi, ma li esagero ancora di più perché l’essere drag vuole anche dire eccedere, essere di più, essere più grande.
Faccio sempre le labbra per ultime. Prima che le labbra siano a posto, non le sento. Ma non appena le disegno – e sono molto più esagerate rispetto alla mia linea normale – mi guardo e ci sono: ok, Belligerency è qui. Poi metto una parrucca ed è allora che completo la fantasia. Ora sono Belligerency.
Indosso il costume: tra pochi minuti salirò sul palco, per dare il via al prossimo Propaganda.
Propaganda è lo spettacolo che abbiamo creato l’anno scorso quando abbiamo notato che le persone di alcuni specifici gruppi emarginati non erano molto rappresentate nella scena culturale e dell’intrattenimento. Volevamo far conoscere quello che succede altrove, fuori dall’Europa occidentale. L’idea è di mescolare l’intrattenimento e lo spettacolo con la politica, perché l’essere drag non sono solo scintille e lustrini, ma può avere una funzione educativa.
Io sono per metà armeno. Da quando sono entrato nel mondo del drag, ho ricevuto molte minacce di morte e molte altre cose orribili. Per tante persone, non si può essere armenɜ se si è queer e non si può essere queer se si è armenɜ.
Ma è una parte importante di me e la porterò in scena. E quando si discute di politica, del genocidio armeno e della guerra in Artsakh (Artsakh è il nome dato dallɜ armenɜ al Nagorno Karabakh, ndr), ne parlerò, perché nessuno ne parla. E sento che le persone in Artsakh sono senza voce. Non vengono notate. Sono una specie di fastidio, e bisogna parlarne.
Alla fine dello spettacolo, ho incorporato tutte le cose brutte che la gente e la mia famiglia mi hanno detto. Qualcuno mi ha mandato un messaggio del tipo: ti violenterò finché non sarai più un problema. Un altro messaggio diceva: sei una vergogna per la nostra famiglia.
Fare una performance di fronte a un pubblico mi aiuta anche a disconnettermi da tutto questo. Lascio sul palco l’energia negativa che mi viene costantemente indirizzata in quanto persona armena queer, e la condivido con qualcun altro.
Questo è il potere dell’essere drag. Ti libera. Ti dà tanta libertà. Ti senti così potente. È come un’armatura. È come un’arma, un’arma segreta che possiedi. Sei invincibile, quando sei drag.
Belligerency è il nome d’arte di Sergejs, artista e cofondatore dello spettacolo drag & queer “Propaganda” di Bruxelles. Belligerency ha origini lettoni e armene e con ɜ suɜ co-fondatorɜ Krasna e King Kovaci cerca di mettere in luce la queerness emarginata e cancellata e di dare voce alla comunità LGBTQIA+ dell’Europa orientale, meridionale e dell’Asia occidentale. I loro spettacoli passati hanno incluso performance sull’invasione russa dell’Ucraina, il genocidio armeno, le repressioni politiche nell’Unione Sovietica e le rivoluzioni.
Questa testimonianza è stata pubblicata in origine sulla nostra newsletter In Vivo. Per ricevere ogni quindici giorni altre storie simili con consigli culturali, iscriviti alla nostra newsletter gratuita.
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