N°53 — All shades of pain: the never-ending battle for Ukraine’s war-wounded

July 15, 2025

Ukraine, 1st July

In the moments before I found myself on the ground, coughing and checking if the floors above were about to collapse, I was sitting on a bench in the basement.

I was chatting with the brigade’s press officer when we heard a thunderous, ear-piercing crack: a guided aerial bomb had just hit our immediate vicinity.

I looked around, inhaling the dust. There was no collapse, but a zombie apocalypse atmosphere was definitely intensifying.

Fortunately no one was hurt. Some doors had exploded out of their frames, the staircases between some of the floors were partially destroyed, but it didn’t really matter because in the basement the never-ending medical work must go on regardless.

This Russian strike was the closest yet to the “Stabilisation point”, an underground shelter around Izium, a few kilometres from the Russo-Ukrainian front.

This is where the wounded soldiers of the 3rd Separate Assault Brigade, one of the most elite units of the Ukrainian army, are brought.

This is the first place where they receive medical treatment after the trenches, and from here, if necessary, they are taken to one of the few still operational hospitals in the area.

A couple of hours before, I was chatting to one of the soldiers:

-Do you believe in God?

-No.

-Well… maybe you should. Or at least in pine trees.

-What do you believe in?

-I believe in the fucking Russians out of here.

The first casualties started arriving at around 9pm, although the shift started to ramp up after midnight: most suffer injuries from FPV drones, shrapnel and artillery fire, but there are some soldiers whose source of injury are unknown. With them, all shades of pain descend underground.

The most seriously wounded are already given ketamine at the front, to make their pain bearable, but it’s not always enough.

Around midnight, a shrapnel-wounded soldier was brought in in a wheelchair with his arms bandaged and tourniquetted. He needed an operation, right there, right then. A few minutes later he was already waiting for anaesthesia.

More than a dozen wounded brought in from the front were being treated right in front of my eyes, some of them shockingly young.

Although this brigade is among the elite, it was clear that there weren’t many “professional” soldiers left. They could have been actors, stonemasons, IT specialists- those brought to the stabilisation point had all slipped into the trenches from another life. In their eyes I saw the endless sadness of the war.

I asked an anesthetist how bad the night was in terms of the number of injured. “I would say average, or maybe even relatively relaxed, because I’m standing here talking to you.” Once, in Bakhmut, they treated 150-200 wounded in two nights.

At around 3am, I was told that three heavily injured soldiers were about to arrive. The first of them arrived, high on ketamine. One of his legs had been in a tourniquet for 15 hours, the doctors knew immediately that it could not be saved.

While the medical team was attending to another severely injured person, the press officer told me that they were taking me out.

I left them working non-stop: whilst I was struck by the level of human suffering, they were used to it. For them, it was just business as usual.

I had 90 seconds to observe the destruction of the bomb that fell near the stabilization point. A building twenty metres away had collapsed. The bomb’s power was somewhat diminished by some pine trees: I suddenly got why they said I should believe in God, or in pine trees.

I arrived in Kharkiv in the morning. The sun was shining brightly, birds were singing, children were swinging in the playground. Russians attack Kharkiv every night, but from here you can’t see the underground operations, you can’t hear the voices of soldiers talking in a ketamine stupor, and you can’t smell the stench of four-day wounds.

Neither I nor the Kharkivians see the doctors of the 3rd Separate Assault Brigade resting underground before the next twenty-four hours begin. My night with them had ended, but theirs never ends.

Lili

Lili is a Hungarian journalist. For 444.hu, the media outlet she works for, she traveled to Eastern Ukraine, on the front line where Russian and Ukrainian armies are fighting. For this issue of In Vivo, she collected the testimonies of those working in and being treated at the underground first aid centres near the front line.

*This newsletter was written by Lili. 444.hu is Sphera Network’s Hungarian partner.

N°53 — La guerre souterraine : le combat pour les blessé·e·s de guerre en Ukraine

July 15, 2025

Ukraine, le 1 juillet

Quelques secondes avant de me retrouver par terre, à tousser et vérifier si les étages au-dessus de nos têtes n’allaient pas s’effondrer, j’étais assise sur un banc du sous-sol. Je discutais avec l’attaché de presse de la brigade quand une détonation assourdissante a retenti. Une bombe guidée venait de fendre le ciel pour s’abattre tout près de nous.

J’ai regardé autour de moi, inspirant un nuage de poussière. Pas d’effondrement à déplorer, mais il régnait une atmosphère post-apocalyptique digne d’un film de zombies. Heureusement, personne n’avait été blessé.

Des portes avaient été arrachées, les escaliers entre certains étages partiellement détruits, mais ça n’avait pas vraiment d’importance car, au sous-sol, le travail incessant des soins médicaux devait malgré tout se poursuivre.

Cette frappe russe était la première a s’être autant approchée du « poste de stabilisation », un abri souterrain proche d’Izioum, à quelques kilomètres des affrontements entre les troupes russes et ukrainiennes.

C’est là que sont conduits les soldats blessés de la 3ème brigade d’assaut, une des unités d’élite de l’armée ukrainienne.

C’est le premier endroit où les membres de la brigade reçoivent des soins médicaux après les tranchées, et de là, si besoin, on les conduit jusqu’à l’un des quelques hôpitaux de la région toujours en activité.

Quelques heures plus tôt, je discutais avec l’un des soldats :

« Vous croyez en Dieu ? »

« Non. »

« Peut-être que vous devriez. Ou au moins aux pins. »

« Et vous, c’est quoi votre credo ? »

« Que les Russes foutent le camp d’ici.  »

Les premières victimes sont arrivées vers 21h, même si le rythme s’est mis à accélérer après minuit. La plupart d’entre elles avaient été blessées par des drones FPV, des éclats d’obus et des feux d’artillerie, mais pour certains soldats, impossible de déterminer la cause de leurs blessures. Toutes les nuances de la douleur descendaient avec eux sous terre.

Pour les blessures les plus graves, les victimes ont déjà reçu de la kétamine sur le front, pour rendre leur douleur supportable, mais ça ne suffit pas toujours.

Vers minuit, un soldat ayant reçu des éclats d’obus est arrivé en fauteuil roulant, les bras bandés et garrotés. Il fallait l’opérer d’urgence, ici et maintenant. Quelques minutes plus tard, il était déjà prêt à recevoir une anesthésie.

Plus d’une dizaine de blessé·e·s en provenance du front ont été soigné·e·s sous mes yeux, et j’ai été choquée de voir à quel point certain·e·s étaient jeunes. Cette brigade avait beau faire partie de l’élite, il était clair qu’il ne restait plus beaucoup de soldats professionnels. Ils auraient pu être acteurs, maçons ou informaticiens, mais la vie les avait tous menés des tranchées au poste de stabilisation.

J’ai demandé à un anesthésiste à quel point la nuit était mauvaise, en termes du nombre de blessés. « Moyenne, je dirais. Peut-être même relativement calme, puisque je suis là à discuter avec vous. » Une fois, à Bakhmout, le poste de soin avait reçu entre 150 et 200 victimes en deux nuits.

Vers 3h du matin, j’ai su que trois soldats grièvement blessés allaient arriver. Le premier, sous haute dose de kétamine, avait un garrot à la jambe en place depuis 15 heures. Les docteurs ont immédiatement su qu’elle ne pourrait pas être sauvée.

Tandis que l’équipe médicale s’occupait d’une autre personne gravement blessée, l’attaché de presse m’a annoncé qu’on allait me faire sortir. Je suis partie, les laissant à leur travail infatigable : alors que j’étais frappée par l’intensité de la souffrance humaine, l’équipe y était habituée. C’était une nuit de travail comme une autre.

J’ai eu 90 secondes pour observer les dégâts causés par la bombe près du point de stabilisation. À vingt mètres de là, un bâtiment s’était écroulé. La puissance de la bombe avait été atténuée par un bosquet de pins. Je comprenais soudain pourquoi le soldat m’avait dit que je devrais croire en Dieu ou aux pins.

Je suis arrivée à Kharkiv dans la matinée. Le soleil brillait, les oiseaux chantaient, des enfants faisaient de la balançoire dans le parc. Les Russes attaquent Kharkiv toutes les nuits, mais d’ici, on ne voit pas ce qui se passe sous terre, on n’entend pas les voix des soldats assommés par la kétamine, on ne sent pas la puanteur qui se dégage des blessures de quatre jours.

Ni moi ni les Kharkivien·ne·s ne voient les médecins de la 3ème brigade d’assaut se reposer sous terre avant le début des prochaines vingt-quatre heures. Ma nuit à leurs côtés était terminée, mais la leur ne prenait jamais fin.

Lili

Lili est une journaliste hongroise. Pour 444.hu, le média qui l’emploie, elle s’est rendue dans l’est de l’Ukraine, près du front où se battent les armées russe et ukrainienne. Pour ce numéro de In Vivo, elle a recueilli les témoignages des personnes qui travaillent dans les centres de premiers secours souterrains, et de celles qui y sont prises en charge.

*Cette newsletter a été écrite par Lili. 444.hu est le partenaire hongrois de Sphera Network.

N°53 — Dietro la trincea: l’incessante battaglia per з feritз di guerra dell'Ucraina

July 15, 2025

Ucraina, 1 luglio

Un attimo prima di ritrovarmi scaraventata a terra, a tossire e controllare che non mi stia per cadere addosso il soffitto, sono seduta su un panca, in un seminterrato, a chiacchierare con l’addetto stampa della brigata.

A un certo punto, un boato assordante ci travolge: una bomba telecomandata è appena caduta nelle vicinanze.

Mi guardo intorno, respirando la polvere. Non è crollato nulla, ma l’atmosfera è da apocalisse zombie. Fortunatamente, nessunə è rimasto ferito.

Si sono scardinate alcune porte, le scale tra alcuni dei piani superiori sono parzialmente distrutte, ma non ha molta importanza: nel seminterrato, il lavoro deз dottorз deve continuare senza tregua.

Finora, questo attacco russo è stato il più vicino al “punto di stabilizzazione”: un rifugio sotterraneo che si trova nascosto da qualche parte nei pressi di Izium, a pochi chilometri dal fronte russo-ucraino. È qui che vengono portatз з soldatз feritз della 3ª Brigata d’assalto, una delle unità d’élite dell’esercito ucraino.

Questo è il primo posto in cui ricevono cure mediche, dopo la trincea e l’ambulanza. Da qui, se necessario, vengono poi trasferitз nei pochi ospedali ancora operativi in zona.

Un paio d’ore prima, sto chiacchierando con un soldato:

“Tu credi in Dio?”

“No”.

“Beh… forse dovresti. O quantomeno nei pini”.

“Tu in cosa credi?”

“Credo che з militarз russз se ne debbano andare via da qui”.

Sebbene le prime vittime inizino ad arrivare intorno alle 21, il turno entra nel vivo dopo mezzanotte.

La maggior parte deз feritз che arrivano riporta lesioni causate da droni FPV, schegge e fuoco di artiglieria, ma ci sono alcunз soldatз che non si sa come siano statз feritз. Insieme a loro, scendono sotto terra tutte le sfumature del dolore.

Aз più gravi viene somministrata ketamina già al fronte per rendere sopportabile il dolore, ma non sempre è sufficiente.

Verso mezzanotte, un soldato colpito da delle schegge viene portato in sedia a rotelle con le braccia bendate e un laccio emostatico. Ha bisogno di un’operazione, qui e ora. Pochi minuti dopo è già in fila per l’anestesia.

Una buona dozzina di feritз portatз dal fronte vengono curatз proprio davanti ai miei occhi. Alcunз di loro sono incredibilmente giovani.

Sebbene questa brigata sia tra i corpi speciali, è chiaro che non sono rimastз moltз soldatз “professionistз”. Ci sono attorз, muratorз, informaticз… tuttз finiscono nelle trincee provenendo da un’altra vita. Nei loro occhi vedo solo l’infinita tristezza della guerra.

Chiedo a unə anestesista quanto questa notte sia pesante in termini di numero di persone ferite. “Direi nella media, o forse anche relativamente tranquilla, visto che sono qui a parlare con te”.

Mi dice che una volta, a Bakhmut, hanno curato 150-200 persone in due notti.

Verso le 3 del mattino mi dicono che stanno per arrivare tre casi gravi. Il primo arriva urlando per l’effetto della ketamina. Ha una gamba legata con un laccio emostatico da 15 ore. З medicз capiscono subito che non si può fare nulla per salvarla.

Mentre il team si occupa di un altro ferito grave, l’addetto stampa mi dice che mi stanno per portare fuori. Lз lascio lì a lavorare senza sosta: mentre io sono sconvolta dalla sofferenza umana, per loro tutto ciò è diventato un’abitudine, una routine.

Ho solo 90 secondi per osservare la distruzione della bomba caduta prima, vicino al punto di stabilizzazione. Un edificio a venti metri di distanza è crollato.

La potenza dell’ordigno è stata in parte attenuata da alcuni pini: ora capisco chiaramente perché mi dicevano di credere in Dio, o quantomeno nei pini.

Arrivo a Kharkiv al mattino. Il sole splende, gli uccelli cantano, з bambinз giocano nel parco sulle altalene.

L’esercito russo attacca Kharkiv ogni notte, ma da qui non si vedono le operazioni sotterranee, non si sentono le voci deз soldatз intorpiditз dalla ketamina e non si sente l’odore delle ferite aperte da giorni.

Né io né chi abita a Kharkiv vediamo з medici della 3ª Brigata d’assalto che riposano sottoterra prima di iniziare le prossime ventiquattro ore.

La mia notte con loro è finita, la loro non finisce mai.

Lili

Lili è una giornalista ungherese. Per 444.hu, il media per cui lavora, si è recata nell’Ucraina orientale, sul fronte di guerra dove combattono gli eserciti russo e ucraino. Per questo numero di In Vivo, ha raccolto le testimonianze di chi lavora e di chi viene curatə nei centri militari sotterranei di primo soccorso.

*Questa newsletter è stata scritta direttamente da Lili. 444.hu è il partner ungherese di Sphera Network.

Stay tuned!
Subscribe to
our newsletter

Stay tuned!
Subscribe to
our newsletter