N°42 – The end of the supply chain

February 25, 2025

Athens, 12th February

I woke up unwell today. This is the third time I’ve been ill since the beginning of the school year. It’s easy to catch something in class. I teach music in two state schools but as a supply teacher, so I’m not entitled to sick leave. When I get ill, I just don’t get paid, plus I lose the social security stamps.

That’s not the case with the permanently employed teachers, but supply teachers are like second class workers in Greece. We are laid off in mid-June, when schools close for the summer holidays. Then, we have to survive on the 400 euro unemployment benefit for the summer. My rent alone is 500 euros –that’s half my wage during the rest of the year.

You might think that’s OK as we’re only substituting for colleagues on leave, but that’s not the case. In Greece, we actually fill permanent job vacancies in state schools. “Supply teaching” in my country is just a scheme invented by the state to save money on education by giving part of the workforce unstable contracts. Some of us, including myself, are paid through the EU’s National Strategic Reference Framework. I wonder if the EU is aware that their money is used to employ teachers in conditions that do not respect labour law.

Have you seen reports about Greek teachers sleeping in tents on some islands? That’s us. Supply teachers are notified just two to three days before the start of term whether or not they’ve got a job for the year —and they are sent to cover vacancies all over the country. So, you have to pack quickly, travel to that school’s town or village and find a rental ASAP.

As if it’s not enough having to leave your home city at a moment’s notice, colleagues are then met with unbelievable rental policies. Particularly on the islands, most accommodation is only available for us off season- locals prefer renting their properties at higher prices to tourists. Where are we supposed to stay the rest of the time? Thus, some put up tents while seeking a solution.

We also don’t know if we’ll be employed the following year, or when; it can be in September (when the school year kicks off) or later on.

I’ve been teaching since 2010. I love my profession. There are magical moments with the kids. But I’m 46. I can’t go through this hardship and uncertainty again this summer. So today, I made some phone calls to explore my options working as a tour guide during the tourist season.

Although, I’m not even sure I could physically cope with working in tourism. I had cancer a few years ago. Blood cancer. I’ve been to hell and back. I might not be under chemo anymore, but it has crippled my body forever and left me with an autoimmune disease.

The state doesn’t give a damn about this. They don’t even give me work in a school closer to my home, or in one which is more accessible, with an elevator or a ramp etc.

The state is equally uncaring about the pupils. In one of the schools I’m teaching at this year, the board applied for a school nurse for the kids suffering with haemophilia and epilepsy back in September, and they didn’t send one until late January. For four months, I was just praying that a medical emergency wouldn’t happen under my watch.

Nor does the state seem to care about the schools we teach in. Back in 2010 and 2011, at the beginning of the Greek crisis, I was teaching at a school in a very poor area. There was no heating. Some classes didn’t even have electricity. When it rained water would leak in, because the damage caused by the 1999 earthquake was never fully repaired. The whole situation reminded me of the film “Christ Stopped at Emboli,” as this place was simply bypassed by all civilization and care. At the same time, the then Education Minister was talking about equipping schools with interactive whiteboards.

Not much has changed since then. Fancy announcements are made, while public schools suffer more and more from under-staffing and collapsing infrastructure.

I keep recalling what a wonderful German professor I had at University once told me: after the Second World War, the first measure Germany took to rise from its ashes, was to double the teachers’ wages. That’s because they considered teachers crucial for the nation’s resurrection. In Greece, it’s like we have to apologise for existing.

Helen

Helen is a classical singer and university educated, fully qualified music teacher. She dreams of a world where everyone can live their life in dignity. In the meantime, she’s looking for seasonal work to support herself during summer and continues to try and open her pupils eyes to the beauty in life. 

*Despina Papageorgiou,a journalist from our Greek partner Popaganda, interviewed her for this newsletter.

L’école est finie

February 25, 2025

Athènes, le 12 février

Je me suis réveillée dans un sale état aujourd’hui. C’est la troisième fois que je tombe malade depuis la rentrée. C’est facile d’attraper un virus en classe.

J’enseigne la musique dans deux écoles publiques à Athènes. Mais je suis une « enseignante remplaçante », donc je n’ai pas droit aux arrêts maladie. Quand je tombe malade, je ne suis tout simplement pas payée, et je perds mes jours de cotisations à la sécu.

La situation est différente pour les enseignants titulaires. Les remplaçant·es sont le parent pauvre de l’Éducation nationale. On nous congédie mi-juin, quand les écoles ferment pour les grandes vacances. Nous devons alors survivre avec 400 euros de chômage. Mon loyer à lui seul me coute 500 euros — soit déjà la moitié de mon salaire le reste de l’année.

On pourrait se dire que c’est normal comme nous sommes juste des remplaçant·es pour des collègues absent·es. Mais ce n’est pas le cas, ici en Grèce. Nous nous « remplaçons » nous-mêmes, puisque nous occupons en fait des postes permanents vacants dans des établissements publics. Dans mon pays, le recours aux enseignant·es remplaçant·es n’est qu’un stratagème mis en place par l’État pour économiser sur le budget de l’éducation en employant de manière précaire une partie de la main-d’œuvre. Certain·es, dont je fais partie, sont payé·es via le Cadre de référence national de l’Union européenne. Je me demande si l’UE sait que son argent sert à employer des enseignant·es dans des conditions qui ne respectent pas le droit du travail.

Avez-vous vu ces reportages sur des instituteur·ices grec·ques qui dorment dans des tentes sur des îles ? C’est nous ! Les remplaçant·es reçoivent leur affectation seulement deux ou trois jours avant leur prise de fonction — et on peut nous envoyer faire des remplacements n’importe où dans le pays. Donc il faut rapidement faire sa valise et se rendre au plus vite dans la ville ou le village où l’on va enseigner pour trouver un logement.

Comme si ce n’était pas assez de devoir partir de chez soi au dernier moment, mes collègues font parfois face des attitudes intolérables. Surtout sur les îles, où les logements ne nous sont accessibles qu’en saison basse — le reste du temps, les locaux préfèrent louer leur habitation plus chère à des touristes. Que sommes-nous supposé·es faire ? Certain·es plantent donc des tentes en attendant de trouver une meilleure solution.

Quand arrivent les grandes vacances, nous ne savons pas non plus si nos contrats seront renouvelés l’année suivante, ou à partir de quand on fera appel à nous : ça peut être en septembre, en début d’année scolaire, ou plus tard.

J’enseigne depuis 2010. J’aime mon métier. Je vis des moments magiques avec les enfants. Mais j’ai 46 ans. Je ne peux plus revivre dans l’incertitude, cet été. Donc aujourd’hui, j’ai passé quelques coups de fil pour voir si je ne pourrais pas travailler comme guide pendant la saison touristique.

Je ne suis pas sûre que je serai physiquement capable de travailler dans ce secteur. J’ai eu un cancer il y a quelques années. Un cancer du sang. Je suis passée dans l’autre monde et j’en suis revenue. Je ne suis peut-être plus sous chimio, mais ce traitement a paralysé mon corps pour toujours et m’a laissé une maladie auto-immune.

L’État s’en fout. Il ne cherche pas à m’affecter dans une école proche de chez moi ou dans un établissement avec un ascenseur ou une rampe d’accès.

Et l’État ne se soucie pas plus de nos élèves. Dans l’une des écoles où j’enseigne cette année, la direction a fait une demande d’infirmière dès septembre pour des élèves souffrant d’hémophilie et d’épilepsie. Elle n’est arrivée qu’en janvier. Pendant quatre mois, j’ai prié pour qu’aucune urgence médicale ne survienne sous ma surveillance.

Les gouvernements ne semblent pas non plus se préoccuper de l’état des bâtiments dans lesquels nous enseignons. En 2010-2011, au début de la crise grecque, je travaillais dans l’école d’un quartier très pauvre. Il n’y avait pas de chauffage. Certaines salles de classe n’avaient même pas d’électricité. Quand il pleuvait, l’eau fuyait, car les dégâts causés par le tremblement de terre de 1999 n’avaient jamais été complètement réparés. Toute cette situation me fait penser au film Le Christ s’est arrêté à Eboli (tiré du roman de Carlo Levi, ndlr.), car c’était comme si cet endroit était à l’écart de toute civilisation et attention. Au même moment, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque parlait d’équiper les écoles de tableaux interactifs.

Peu de choses ont changé depuis. Des annonces clinquantes sont faites, tandis que les écoles publiques souffrent toujours plus du manque de personnel et du délabrement des infrastructures.

Je garde en tête ce qu’un merveilleux professeur d’allemand à la fac m’avait dit : après la Seconde Guerre mondiale, la première mesure qu’a prise l’Allemagne pour renaitre de ses cendres, ça a été de doubler les salaires des professeur·es. C’est parce qu’iels considéraient cette profession cruciale pour la résurrection de la nation. En Grèce, on nous demande presque de nous excuser d’exister.

Helen

Helen est une chanteuse classique grecque et une professeure de musique diplômée. Elle rêve d’une époque où tout le monde, dont les enseignant·es remplaçant·es – catégorie à laquelle elle appartient, aura la possibilité de vivre sa vie dans la dignité. En attendant, elle cherche un autre travail saisonnier pour subvenir à ses besoins et continue d’insuffler la beauté auprès de ses élèves.

* Son témoignage a été recueilli par Despina Papageorgiou, journaliste chez notre partenaire grec Popaganda.

Prof di scorta

February 25, 2025

Atene, 12 febbraio

Oggi mi sono svegliata che non stavo bene. È la terza volta che mi ammalo in questo anno scolastico. È facile prendere qualcosa in classe. Insegno musica in due scuole pubbliche. Ma sono una supplente, quindi non ho nemmeno diritto al congedo per malattia. Quando mi ammalo, semplicemente non vengo pagata, e in più perdo giorni di contributi.

Non è così per lз insegnanti assuntз a tempo indeterminato. Ma з supplenti in Grecia sono “figlз di un Dio minore”. Veniamo licenziatз a metà giugno, quando le scuole chiudono per le vacanze estive. A quel punto, dobbiamo sopravvivere con i 400 euro del sussidio di disoccupazione. Il mio affitto da solo è di 500 euro, ovvero la metà del mio stipendio durante il resto dell’anno.

Si potrebbe pensare che sia una cosa normale, visto che siamo statз assuntз per sostituire з colleghз in congedo. Ma in Grecia non è così. Ci “sostituiamo” da solз siccome copriamo i posti di lavoro vacanti nelle scuole pubbliche. La “supplenza” nel mio Paese è solo uno schema inventato dallo Stato per risparmiare sul bilancio dell’istruzione impiegando in modo precario parte della forza lavoro. Alcunз di noi, me compresa, sono pagatз dal quadro di riferimento strategico nazionale dell’UE. Mi chiedo se l’UE sia consapevole del fatto che i suoi soldi vengono utilizzati per assumere insegnanti a cui vengono negati dei diritti del lavoro.

Avete visto i servizi internazionali sullз insegnanti grecз che dormono nelle tende su alcune isole? Siamo noi. з supplenti vengono informatз solo due o tre giorni prima di aver ottenuto il posto per quell’anno e vengono mandatз a coprire i posti vacanti in tutto il Paese. Quindi, bisogna fare le valigie in fretta, recarsi nella città/villaggio di nomina e trovare un alloggio il prima possibile.

Come se non bastasse dover lasciare la propria città all’ultimo minuto, ci si trova di fronte ad atteggiamenti inconcepibili. Soprattutto sulle isole, la maggior parte degli alloggi è disponibile per noi solo fuori stagione — з locali preferiscono affittare le loro proprietà a prezzi più alti per il turismo. Dove dovremmo alloggiare nel resto del tempo? Così, alcune persone hanno montato delle tende mentre cercavano una soluzione.

Inoltre, non sappiamo se otterremo un’assunzione l’anno successivo, né quando: può essere a settembre (quando inizia l’anno scolastico) o più tardi.

Insegno dal 2010. Amo la mia professione. Ci sono momenti magici con з bambinз. Ma ho 46 anni. Non posso affrontare questa difficoltà e questa incertezza anche quest’estate. Così oggi ho fatto alcune telefonate per esplorare le mie possibilità di lavorare come animatrice turistica durante la stagione turistica.

Anche se non sono sicura di poter affrontare fisicamente il lavoro nel turismo. Qualche anno fa mi sono ammalata di cancro. Cancro al sangue. Sono andata all’altro mondo e poi sono tornata indietro. Forse non dovrò più stare sotto chemio, ma la terapia ha paralizzato il mio corpo per sempre e mi ha lasciato una malattia autoimmune.

Allo Stato non importa nulla di tutto questo. Non mi dà nemmeno la possibilità di lavorare in una scuola più vicina a casa mia o in una scuola accessibile, con un ascensore, una rampa, ecc.

E lo Stato non si preoccupa nemmeno più di tanto deз nostrз alunnз. In una delle scuole in cui insegno quest’anno, il consiglio ha richiesto un infermierə scolasticə per з bambinз che soffrono di emofilia ed epilessia già a settembre. Ne hanno mandata una solo a fine gennaio. Per quattro mesi ho solo pregato che non si verificasse un’emergenza medica sotto la mia sorveglianza.

Né lo Stato sembra preoccuparsi dello stato in cui si trovano le nostre scuole. Nel 2010-2011, all’inizio della crisi greca, insegnavo in un plesso di una zona molto povera. Non c’era riscaldamento. Alcune classi non avevano nemmeno l’elettricità. Quando pioveva entrava l’acqua, siccome i danni causati dal terremoto del 1999 non erano mai stati completamente riparati. L’intera situazione mi ricordava il film “Cristo si è fermato a Eboli” (tratto dal romanzo omonimo di Carlo Levi, ndr), visto che questo luogo era stato escluso dalla civiltà e da ogni attenzione. Nello stesso periodo, l’allora Ministro dell’Istruzione parlava di dotare le scuole di lavagne interattive.

Da quel periodo non è cambiato molto. Si fanno annunci fantasiosi, mentre le scuole pubbliche soffrono ancora di più per la mancanza di personale e per il deterioramento delle infrastrutture.

Mi ricordo sempre ciò che mi ha detto una volta un meraviglioso professore di tedesco che avevo all’Università: dopo la Seconda Guerra Mondiale, la prima misura che la Germania prese per risorgere dalle sue ceneri fu quella di raddoppiare i salari del suo corpo docenti.Questo perché consideravano lз insegnanti fondamentali per la rinascita del Paese. In Grecia dobbiamo quasi scusarci di esistere.

Helen

Helen è una cantante classica e insegnante di musica con formazione universitaria. Sogna un’epoca in cui tuttз — compresз з supplentз, categoria a cui appartiene — possano vivere la propria vita con dignità. Nel frattempo, è alla ricerca di un altro lavoro stagionale per sostenere i suoi bisogni economici e continua a educare alla bellezza le sue classi.

*Despina Papageorgiou, giornalista del nostro partner greco Popaganda, l’ha intervistata per questa newsletter.

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