N°28 – Down and Out in Paris

July 1, 2024

South of France, 19th June
We “unaccompanied minors” suffer a lot here in France. I want to live in this country. I left Guinea with the dream of becoming a great plumber. That’s what I really want to do, but everything is difficult for us.

When I arrived in Paris in September, I followed the procedure. I went straight to an assessment centre, but they wouldn’t acknowledge me as a minor. They told me to go and see the judge to file an appeal. So I did as I was told, I went to the judge and handed in my papers. From that moment on, I started sleeping rough.

That’s the reality when you take your case to court; you can spend four, five or even six months on the street. They don’t call you. You suffer. You have nothing.

At the time, I was sleeping in Belleville park, in the north of Paris, with many other unaccompanied minors. There were over 400 of us in the same situation. One evening, in mid-October, the Utopia 56 charity (which helps exiles) sent us a message telling us that people were coming to offer us accommodation.

They were supposed to come at around 3am, so we stayed up, waiting. I don’t know why they wanted to come in the middle of the night. It was cold and raining; the damp made it even colder than usual. We waited like that until the authorities finally arrived at 6 o’clock in the early hours of the morning. We were then put on buses and taken to our accommodation.

I was housed at Porte de Clignancourt, on the outskirts of Paris, in a centre for adults.

After staying there for ten days, we were told to go to the Prefecture. Once we got there, the police told us to apply for asylum and gave us papers to sign. I called my lawyer, who advised me not to sign anything, because these were asylum applications for adults. He explained to me that it was a trap; as soon as I signed it, my application for minor status would no longer be valid.

So I told the police that I refused to sign. They took my name and those of the others, who also refused. Then the Prefecture told us that as we hadn’t signed, our accommodation in the centre would come to an end. So we called all the charities, who tried to find a solution, but weren’t able to do anything.

A few days later, on the 31st October, letters arrived saying that we had to leave our accommodation. We only had two days to leave. The Prefecture explained that these premises were for adults only, and that since we were minors, they couldn’t therefore house us. At the beginning of November, they kicked us out.

Over the next few days, we slept in front of the Town Hall. But the police soon came and sent us away, telling us we couldn’t stay there. So we left and moved 600 metres away, under one of the bridges over the Seine, the Pont Marie. But once again the police came and chased us away.

I didn’t know what to do, I felt disheartened. So I went back to Belleville park, where I’d spent my first nights in Paris. I stayed there for several weeks, until the New Year. Then in mid-January, a few young people and I were put up in a school thanks to the Midis du Mie charity (a charity that helps young exiles).

For the few weeks, things have been going a bit better; I’m no longer in Paris. And I won’t be going back there until mid-July for my court hearing to have my minority status legally recognised. I’m now living with a hostess in the South of France. Midis du Mies put me in touch with her.

If the charities weren’t here to help, I wouldn’t know what to do and I don’t know where I’d be today. They are the ones who help the minors here. I’d like the government to take a look at the situation of the minors who live and suffer in France. Because we’re powerless and we end up asking ourselves: what have we done wrong?

Fode

Fode*, a 15-year-old Guinean, arrived in Paris in September after crossing the Mediterranean. Now, like most unaccompanied minors, he finds himself in a legal limbo where the authorities won’t look after him, in conditions that are harsher than he could ever have imagined.

*Name has been changed

 

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N°28 – Cas de force mineure

July 1, 2024

Sud de la France, le 19 juin,
Nous, “les mineur·e·s isolé·e·s”, on souffre beaucoup ici, en France. Je veux vivre dans ce pays. Je suis parti de Guinée avec l’envie d’y devenir un grand plombier. C’est ça que je veux faire, vraiment, sauf que tout est difficile pour nous.

Quand je suis arrivé à Paris en septembre, j’ai suivi la procédure. Je me suis directement rendu dans un centre d’évaluation, mais ils ne m’ont pas reconnu mineur. Ils m’ont dit d’aller voir la juge pour déposer un recours. Alors j’ai fait ce qu’on m’a dit, je suis allé là-bas et j’ai remis mes papiers. Et à partir de ce moment-là, j’ai commencé à dormir dans la rue.

Car c’est ça la réalité quand tu déposes ton recours à la justice, ensuite tu peux passer quatre mois, cinq mois ou même six mois dehors. Ils ne t’appellent pas. Tu souffres. Tu n’as rien.

À l’époque, je dormais au parc de Belleville, dans le nord de Paris, avec beaucoup d’autres mineur·e·s isolé·e·s. On était plus de 400 dans la même situation. Un soir, mi-octobre, l’association Utopia 56 (qui vient en aide aux exilé·e·s, ndlr.) nous a envoyé des messages pour nous dire que des gens allaient venir nous proposer un hébergement.

Ils devaient venir vers 3h, donc on est resté·e·s éveillé·e·s. Je ne sais pas pourquoi ils voulaient venir au milieu de la nuit. Il faisait froid et il pleuvait ; l’humidité rendait le froid encore pire que d’habitude. Nous avons attendu comme ça jusqu’à ce que les autorités arrivent enfin, à 6h, au petit matin. On nous a fait monter dans des bus qui nous ont conduits aux hébergements.

Moi, j’étais logé à porte de Clignancourt, à la limite de Paris, dans un centre de majeurs.

Après avoir logé là pendant dix jours, on nous a dit d’aller à la préfecture. Une fois là-bas, la police nous a dit de demander l’asile en nous donnant les papiers à signer. J’ai appelé mon avocat, qui m’a conseillé de ne rien signer, parce qu’il s’agissait de demandes d’asile pour majeurs. Il m’a expliqué que c’était un piège : à l’instant où je signerais ça, mon recours à la reconnaissance de minorité ne serait plus valable. J’ai donc dit à la police que je refusais de signer. Ils ont pris mon nom, et ceux des autres, qui ont également refusé.

Ensuite, la préfecture nous a annoncé que comme nous n’avions pas signé, notre hébergement dans le centre allait prendre fin. On a donc appelé les associations, qui ont tenté de trouver une solution, mais n’ont rien pu changer.

Quelques jours après, le 31 octobre, des lettres disant que nous devions quitter notre logement sont arrivées. Nous n’avions que deux jours pour partir. La préfecture nous expliquait que ces locaux-là étaient des locaux pour majeurs, que nous étions des mineurs, et que donc ils ne pouvaient pas nous héberger. Début novembre, ils nous ont mis à la porte.

Les jours suivants, on a d’abord dormi devant l’Hôtel de Ville. Mais rapidement, la police est venue et nous a renvoyés en nous disant qu’on ne pouvait pas rester ici. Alors on a quitté le lieu et on est allé à 600 mètres de là, sous un des ponts de la Seine, le pont Marie. La police est aussi venue là-bas et nous a encore chassé·e·s.

Je ne savais pas comment faire pour me sortir de là, j’étais découragé. Donc je suis retourné au parc de Belleville, là où j’avais passé mes premières nuits parisiennes. J’y suis restée plusieurs semaines, jusqu’à la nouvelle année. Puis mi-janvier, quelques jeunes et moi avons été hébergés dans une école grâce à l’Association Midis du Mie (une association qui vient en aide aux jeunes exilé·e·s, ndlr.).

Depuis quelques semaines, ça va un peu mieux : je ne suis plus à Paris. Et je ne retournerai pas là-bas avant mi-juillet, date à laquelle j’ai mon audience au tribunal pour la reconnaissance de ma minorité. J’habite désormais chez une hébergeuse dans le Sud de la France. Ce sont les Midis du Mies qui m’ont mis en relation avec elle.

Si les associations n’étaient pas là, je ne saurais pas quoi faire et je ne sais pas où je serais aujourd’hui. Ce sont elles qui aident les mineurs ici. J’aimerais que l’État aussi regarde la situation des mineur·e·s, qui vivent, qui souffrent en France. Car nous, on ne sait pas comment faire, on est impuissant·e·s et surtout on finit par se demander : mais on a fait quoi ?

Fode

Fode*, un jeune Guinéen de presque 16 ans, est arrivé à Paris en septembre, après avoir traversé la Méditerranée. Ici, il se retrouve, comme la plupart des mineur·e·s non accompagné·e·s, dans un trou juridique où les autorités ne s’occupent pas de lui. Une arrivée dans des circonstances qu’il n’aurait pas pu imaginer plus dures.

*Le prénom a été changé

 

Ce témoignage a d’abord été publié dans notre newsletter In Vivo. Pour recevoir d’autres histoires similaires assorties de recommandations culturelles toutes les deux semaines, abonnez-vous gratuitement à notre newsletter.

N°28 – Per causa di forza minore

July 1, 2024

Sud della Francia, 19 giugno
Noi “minorɜ non accompagnatɜ” soffriamo molto qui in Francia. Voglio vivere in questo Paese. Ho lasciato la Guinea con l’idea di diventare un grande idraulico. È quello che voglio fare davvero, solo che per noi tutto è difficile.

Quando sono arrivato a Parigi, a settembre, ho seguito la procedura. Sono andato subito in un centro di valutazione, ma non mi hanno riconosciuto come minorenne. Mi hanno detto di andare dalla giudice a presentare un ricorso. Così ho fatto quel che mi è stato detto, sono andato lì e ho consegnato i miei documenti. E da quel momento ho iniziato a dormire per strada.

Perché questa è la realtà quando porti il caso in tribunale, poi puoi passare quattro, cinque o anche sei mesi per strada. Non ti chiamano. Soffri. Non hai nulla.

All’epoca dormivo nel Parc de Belleville, a nord di Parigi, con molti altri minorɜ non accompagnatɜ. Eravamo più di 400 nella stessa situazione. Una sera, a metà ottobre, l’associazione Utopia 56 (che aiuta le persone in esilio) ci ha inviato dei messaggi per dirci che stavano arrivando delle persone per offrirci un alloggio.

Dovevano arrivare verso le 3 del mattino, così siamo rimastɜ sveglɜ. Non so perché volessero venire nel cuore della notte. Faceva freddo e pioveva; l’umidità rendeva il clima ancora più freddo del solito. Abbiamo atteso così finché non sono arrivate le autorità, alle 6 del mattino. Ci hanno fatto salire sugli autobus e ci hanno portatɜ ai nostri alloggi.

Il mio era alla Porte de Clignancourt, nella periferia di Parigi, in un grande centro.

Dopo essere rimastɜ lì per dieci giorni, ci è stato detto di andare in Prefettura. Una volta lì, la polizia ci ha detto di fare domanda di asilo, dandoci dei documenti da firmare. Ho chiamato il mio avvocato, e lui mi ha risposto di non firmare nulla, perché si trattava di richieste di asilo per adulti. Mi ha spiegato che era una trappola: non appena avessi firmato, la mia domanda di riconoscimento della minore età non sarebbe stata più valida. Così ho detto alla polizia che mi rifiutavo di firmare. Hanno preso il mio nome e quello dellɜ altrɜ, che si erano rifiutatɜ di firmare.

Poi la prefettura ci ha comunicato che, non avendo firmato, la nostra sistemazione nel centro sarebbe terminata. Allora abbiamo chiamato le associazioni, loro hanno cercato di trovare una soluzione, ma senza riuscirci.

Pochi giorni dopo, il 31 ottobre, sono arrivate le lettere che dicevano che dovevamo lasciare il nostro alloggio. Avevamo solo due giorni per andarcene. La prefettura ci ha spiegato che questi locali erano per maggiorenni, che noi eravamo minorenni e che quindi non potevano ospitarci. All’inizio di novembre ci hanno buttatɜ fuori.

Nei giorni successivi, inizialmente abbiamo dormito fuori dal municipio. Ma presto è arrivata la polizia e ci ha allontanatɜ, dicendoci che non potevamo stare lì. Così ce ne siamo andatɜ a 600 metri di distanza, sotto a uno dei ponti sulla Senna, il Pont Marie. Ma di nuovo, la polizia è venuta a cacciarci via.

Non sapevo come uscire da lì, ero scoraggiato. Così sono tornato al Parc de Belleville, dove avevo trascorso le prime notti a Parigi. Sono rimasto lì per diverse settimane, fino al nuovo anno. Poi, a metà gennaio, io e alcunɜ giovanɜ siamo stati ospitatɜ in una scuola grazie all’Associazione Midis du Mie (un’associazione che aiuta ɜ giovanɜ esulɜ).

Da qualche settimane le cose vanno un po’ meglio: non sono più a Parigi. E non ci tornerò fino a metà luglio, quando avrò l’udienza per il riconoscimento della mia minore età. Ora c’è una persona che mi ospita nel sud della Francia. Midis du Mies mi ha messo in contatto con lei.

Se non fosse stato per le associazioni, non avrei saputo cosa fare e non so dove sarei oggi. Sono loro che aiutano ɜ minori qui. Vorrei che il governo guardasse alla situazione deɜ minori che vivono e soffrono in Francia. Perché non sappiamo cosa fare, siamo impotenti e soprattutto finiamo per chiederci: ma cosa abbiamo fatto?

Fode

Fode*, un giovane guineano di quasi 16 anni, è arrivato a Parigi a settembre dopo aver attraversato il Mediterraneo. Qui, come la maggior parte deɜ minori non accompagnati, si trova in un limbo giuridico in cui le autorità non si occupano di lui. Un arrivo in circostanze che non avrebbe potuto immaginare più dure.

*Nome di fantasia

 

Questa testimonianza è stata pubblicata in origine sulla nostra newsletter In Vivo. Per ricevere ogni quindici giorni altre storie simili con consigli culturali, iscriviti alla nostra newsletter gratuita.

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