N°24 – The battle of the elders

May 6, 2024

Geneva, 24th April
Everyone says that we’ve made history. And it’s true. We, Elders for the Climate, women with an average age of 73, have taken the question of the climate and fundamental rights all the way to the European Court of Human Rights. And the protection of the climate is now a human right!

This legal victory was the end of an eight-year marathon for us. When we decided to sue the Swiss government for climate inaction in 2016, I didn’t think we would get this far, personally… And a few days before the verdict on the 9th April, I didn’t think the Court would take such a strong decision either.

We arrived in Strasbourg the day before the verdict. Journalists boarded the train with me in Geneva, to cover the journey. Then in Bâle, other journalists got on the train to cover the event, which really got me into gear!

That evening, I have to admit, I had a bit of trouble sleeping. We were full of questions, envisaging every possible outcome.

We arrived at Court very early in the morning. There were a lot of people. We waited in a room opposite the Grand Chamber. Tension and emotion mounted. Before finally we were allowed in.

We had already been in that room a year before for our public hearing. Answering questions from the 17 judges, in the Grand Chamber which deals with important and complex cases, was a very powerful moment, a magnificent moment. There were media from all over the world, because it was the first, and above all, standing directly in front of us, was the Swiss Confederation.

Jenny Sandvig, the representative of the European Network of National Human Rights Institutions, made a very lasting impression on me that day. She said to the president of the court: “Few people have the power to change the course of history, but you do.”

On the 9th April, the atmosphere was different. We were a little more tense. We were waiting for the ruling and everything took much longer than we had imagined. As the chairwoman developed the Court’s decision, I exchanged glances with the French lawyer sitting next to me. He whispered “it’s all good” and gave me a wink, heads turned, but we had to remain calm. You couldn’t jump for joy inside the room.

When we got out, there was an explosion of emotions. But it took us a while to fully realise just how important the ruling was!

The ruling mentioned violations of the European Convention on Human Rights by Switzerland for failing to implement sufficient measures to combat climate change. Firstly, there was the violation of Article 8 relating to the right to health and to private and family life. There was also the violation of Article 6, which guarantees access to a court, which we didn’t have in Switzerland.

There weren’t any courageous judges in our Swiss courts. Our application wasn’t even badly received in Switzerland, it wasn’t received at all (before applying to the ECHR, Elders for the Climate turned to the Swiss government, the Administrative Court and the Federal Court, ed.). We were met with deplorable arguments. We were told that we hadn’t reached two degrees warming yet, that we hadn’t been affected enough. It was staggering.

In our association, there are women who were physically affected by the 2003 heatwave. During the summer of 2003, we realised that we were going to experience terrible things. Many people died, many of them elderly.

All the reports show that women have been particularly hard hit. Respiratory and cardiovascular problems, fainting, exhaustion… Older women are particularly vulnerable to climate change. So that’s what motivated us to set up this association of older women to lead the legal action.

Instead of telling us, “Danger, stay at home”, every time it’s very hot, governments need to take action. Being forced into climate confinement  no thank you! It poses problems for well-being, health, the right to life and a decent family life. That’s what the ruling says.

However, our victory is a victory for all generations. Now if you take legal action, countries will be confronted with this law. Switzerland should see this verdict as an opportunity. It should set an example and show the way to other European countries that will also have to comply.

Anne

Anne is a long-standing environmental activist. During her career as an elected representative, she found that “political courage was variable”. So after her last mandate in 2015, she joined forces with Elders for the Climate in a long and victorious legal battle, which took this association of women over 64, to the European Court of Human Rights.

 

This story was originally published in our In Vivo newsletter. To receive other similar stories with cultural recommendations every fortnight, subscribe to our free newsletter.

N°24 – La bataille des aînées

May 6, 2024

Genève, le 24 avril
Tout le monde dit que ce qu’on a fait est historique. Et c’est vrai. Nous, les Aînées pour le climat, des femmes d’une moyenne d’âge de 73 ans, avons amené la question du climat et des droits fondamentaux jusqu’ à la Cour européenne des droits de l’homme. Et la protection du climat est désormais un droit humain !

Pour nous, cette victoire judiciaire, c’est la fin d’un marathon de huit ans. Quand nous avons décidé de poursuivre l’État suisse pour inaction climatique en 2016, personnellement je ne pensais pas que nous irions aussi loin… Et quelques jours avant le verdict du 9 avril, je ne pensais pas non plus que la Cour prendrait une décision aussi forte.

Nous sommes arrivées à Strasbourg la veille de ce verdict. Dès Genève, des journalistes sont montés dans le train pour faire le trajet avec moi. Puis à Bâle, d’autres journalistes ont embarqué pour couvrir l’événement. Ça vous met directement dans l’ambiance !

Le soir, j’avoue que j’ai plus ou moins bien dormi. On était pleines de questions. On avait envisagé toutes les situations possibles.

Le matin, nous sommes arrivées très tôt à la Cour. Il y avait vraiment beaucoup de monde. Nous avons patienté dans une salle en face de la salle d’audience de la Grande Chambre. La tension et l’émotion montaient. Puis enfin nous avons pu entrer.

Nous nous étions déjà rendu·e·s dans cette salle un an auparavant pour notre audience publique. Répondre aux questions des 17 juges, dans cette Grande Chambre qui traite d’affaires importantes et complexes, ça avait été un moment très fort, un moment magnifique. Il y avait des médias du monde entier, car c’était une première, et surtout, en face de nous, la Confédération suisse.

Ce jour-là, la prise de parole de Jenny Sandvig, la représentante du réseau européen des institutions nationales des droits de l’homme, m’avait marquée. Elle s’était adressée à la présidente de la cour en lui disant : “Peu de personnes ont le pouvoir de changer le cours de l’histoire, vous l’avez.”

Le 9 avril, l’atmosphère était différente. On était un peu plus tendu·e·s. On était dans l’expectative du jugement et tout a pris beaucoup plus de temps qu’on imaginait. Au fur et à mesure que la présidente développait la décision de la Cour, on se regardait avec l’avocat francophone qui était à côté de moi. Il me chuchotait “attends, c’est bon”, me faisait des clins d’œil, des têtes se tournaient, mais on devait rester calme. On ne pouvait pas pousser des cris de joie dans la salle.

Au moment de sortir, ça a été une explosion d’émotions. Mais on a mis un moment pour réaliser à quel point c’est un arrêt qui compte ! Cette décision fait quand même mention de violations de la Convention européenne des droits de l’homme de la part de la Suisse faute de mise en œuvre de mesures suffisantes pour lutter contre le changement climatique. Il y a d’abord la violation de l’article 8 en rapport avec le droit à la santé et à la vie privée et familiale. Et puis il y a la violation de l’article 6, qui garantit l’accès à un tribunal. Ce que nous n’avons pas eu en Suisse.

Dans nos tribunaux suisses, nous n’avons pas eu de juges courageux. Notre demande n’a même pas été mal reçue en Suisse, elle n’a pas été reçue du tout (avant de déposer une requête auprès de la CEDH, les Aînées pour le climat se sont tournées vers le gouvernement suisse, le Tribunal administratif fédéral et le Tribunal fédéral, ndlr.). On nous a opposé des arguments affligeants. On nous disait qu’on était pas encore aux deux degrés, qu’on était pas assez touchées. C’est sidérant.

Dans notre association, il y a des femmes qui ont été physiquement atteintes par les canicules qui sévissent depuis 2003. Lors de la grande canicule de 2003, on a pris conscience qu’on allait vivre des choses terribles. Il y a eu de nombreux décès, dont beaucoup de personnes âgées.

Et tous les rapports montrent que les femmes ont été très touchées. Problèmes respiratoires, cardiovasculaires, malaises, épuisement… Les femmes âgées sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques. C’est donc ça qui nous a motivées à créer cette association des Aînées pour mener l’action judiciaire.

Au lieu de nous dire quand il fait très chaud : “Danger, restez chez vous !” les gouvernements doivent agir. Subir le confinement climatique, non merci ! Ça pose des problèmes de bien-être, de santé, de droit à la vie et à une vie familiale correcte. C’est ce qu’affirme l’arrêt.

Mais notre victoire est une victoire pour toutes les générations. Maintenant si vous menez une action judiciaire, les pays membres du Conseil de l’Europe vont devoir faire avec cette jurisprudence. La Suisse devrait prendre ce verdict comme une opportunité. Devenir exemplaire et montrer la voie aux autres pays européens qui vont devoir s’y conformer également.

Anne

Anne est une militante écologiste de longue date. Durant sa carrière d’élue, elle a constaté que “le courage politique était à géométrie variable”. Alors après son dernier mandat en 2015, elle s’est engagée avec les Ainées pour le climat, dans un long et victorieux combat judiciaire, qui a mené cette association de femmes de plus de 64 ans devant la Cour européenne des droits de l’homme.

 

Ce témoignage a d’abord été publié dans notre newsletter In Vivo. Pour recevoir d’autres histoires similaires assorties de recommandations culturelles toutes les deux semaines, abonnez-vous gratuitement à notre newsletter.

N°24 – La battaglia delle anziane

May 6, 2024

Ginevra, 24 aprile
Tuttɜ dicono che ciò che abbiamo fatto è qualcosa di storico. E lo è. Noi, le Anziane per il Clima, donne con un’età media di 73 anni, abbiamo portato la questione del clima e dei diritti fondamentali fino alla Corte Europea dei Diritti dell’uomo. E la protezione del clima è ora un diritto umano!

Per noi questa vittoria legale è la fine di una maratona durata otto anni. Quando nel 2016 abbiamo deciso di fare causa allo Stato svizzero per inazione climatica , personalmente non pensavo che saremmo arrivate così lontano… E pochi giorni prima del verdetto del 9 aprile, non pensavo nemmeno che la Corte avrebbe preso una decisione così forte.

Siamo arrivate a Strasburgo il giorno prima del verdetto. Da Ginevra, deɜ giornalistɜ sono salitɜ sul treno per viaggiare con me. Poi, a Basilea, altrɜ giornalistɜ sono salitɜ sul treno per coprire l’evento. È un qualcosa che ti immerge nell’atmosfera!

La sera, devo ammettere che non ho dormito bene. Eravamo piene di domande. Avevamo considerato ogni possibile situazione.

La mattina siamo arrivate molto presto alla Corte. C’era molta gente. Abbiamo aspettato in una stanza di fronte alla Grande Camera. La tensione e l’emozione stavano salendo. Alla fine ci è stato concesso di entrare.

Eravamo già state in questa sala un anno prima, per la nostra udienza pubblica. Rispondere alle domande dei 17 giudici della Grande Camera, che si occupa di casi importanti e complessi, è stato un momento molto forte, un momento magnifico. C’erano media da tutto il mondo perché era una prima volta, e soprattutto, di fronte a noi, c’era la Confederazione svizzera.

Quel giorno, l’intervento di Jenny Sandvig, rappresentante della Rete europea delle istituzioni nazionali per i diritti umani, mi ha lasciato un’impressione indelebile. Ha detto alla Presidente della Corte: “Poche persone hanno il potere di cambiare il corso della storia. Lei ce l’ha.

Il 9 aprile l’atmosfera era diversa. Eravamo un po’ più tese. Stavamo aspettando la sentenza e tutto è durato molto di più di quanto immaginassimo. Mentre la presidente argomentava la decisione della Corte, io e l’avvocato di lingua francese accanto a me ci guardavamo. Lui sussurrava “aspetta, sta andando bene, mi faceva l’occhiolino, le teste si giravano, ma noi dovevamo restare calme. Non ci era permesso gridare di gioia nella stanza.

Quando siamo uscite, c’è stata un’esplosione di emozioni. Ma ci è voluto un po’ per capire la portata di quel momento!

La sentenza parla di violazioni della Convenzione europea dei diritti dell’uomo da parte della Svizzera per non aver attuato misure sufficienti per combattere il cambiamento climatico. In primo luogo, vi è la violazione dell’articolo 8 relativo al diritto alla salute e alla vita privata e familiare. Poi c’è la violazione dell’articolo 6, che garantisce l’accesso a un tribunale, cosa che non abbiamo avuto in Svizzera.

Non ci sono statɜ giudici coraggiosɜ nei nostri tribunali svizzeri. Non è che la nostra richiesta sia stata accolta male in Svizzera, non è stata accolta affatto! (Prima di rivolgersi alla CEDU, le Anziane per il Clima si erano rivolte al governo svizzero, al Tribunale amministrativo federale e al Tribunale federale, ndr.) Siamo state accolte con argomentazioni terribili. Ci è stato detto che non avevamo ancora raggiunto i due gradi, che non eravamo statɜ abbastanza colpitɜ. È sconcertante.

Nella nostra associazione ci sono donne che sono state colpite fisicamente dalle ondate di calore che si sono verificate dal 2003. Durante l’estate del 2003 ci siamo rese conto che avremmo vissuto cose terribili. Sono morte molte persone, molte delle quali anziane.

E tutti i report ci mostrano che sono state le donne a essere particolarmente colpite: problemi respiratori e cardiovascolari, malori, esaurimento… Le donne anziane sono particolarmente vulnerabili ai cambiamenti climatici. È questo che ci ha motivate a creare questa associazione di donne anziane per intraprendere l’azione legale.

Invece di dirci: “è pericoloso, state a casa! quando fa molto caldo, i governi devono agire. Subire una reclusione climatica, no grazie! Si tratta di una questione di benessere, di salute, di diritto alla vita e a una vita familiare dignitosa. Questo è ciò che dice la sentenza.

Ma la nostra vittoria è una vittoria per tutte le generazioni. Ora, se si intraprenderà un’azione legale, i Paesi del Consiglio europeo dovranno fare i conti con questa giurisprudenza. La Svizzera dovrebbe cogliere questa sentenza come un’opportunità. Dovrebbe dare l’esempio e mostrare la strada agli altri Paesi europei, che dovranno anch’essi adeguarsi.

Anne

Anne è un’attivista ambientale di lunga data. Nel corso della sua carriera di rappresentante eletta, ha scoperto che “il coraggio politico ha una geometria variabile”. Così, dopo il suo ultimo mandato nel 2015, ha unito le forze con Le “Anziane per il clima” in una lunga e vittoriosa battaglia legale, che ha portato questa associazione di donne over 64 alla Corte europea dei diritti dell’uomo.

 

Questa testimonianza è stata pubblicata in origine sulla nostra newsletter In Vivo. Per ricevere ogni quindici giorni altre storie simili con consigli culturali, iscriviti alla nostra newsletter gratuita.

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