Prishtina, 8th November
One day I was at the cinema settling down in my seat when I noticed a friend of mine sitting right next to me. The film hadn’t started yet, so we got chatting. For some reason I mentioned the word “plane” and it caused evident discomfort. My friend laughingly said that she couldn’t bear to hear the word “plane” after recently having dealt with a visa application procedure.
She immediately associated the word “plane” with trips to the civil registry for birth certificates, visits to the bank for income statements, to the health insurance company, and finally to the visa application centre. Of course, I understood and empathised with her. Her experience was all too familiar to me.
I remembered my last visa application process and the last time I boarded a plane. I had gone through that process a dozen times. The number of doors you have to knock on is never-ending, you feel like your humanity is being stripped away every time you have to submit a mountain of documents to prove your worthiness of boarding a plane to the EU.
I couldn’t help but wonder how many other people in that cinema felt the same way about planes.
The cinema we were in was full of young people, who just a few years ago, when Kosovo declared its independence, were celebrated as The Young Europeans, a label our government ascribed to us in a nationwide campaign. We were the Europeans, ready to join the big, accepting family of other fellow Europeans.
The campaign showed how much Kosovo identifies with Europe. It also showed how we have tied the word ‘European’, and the European identity, to hope, democracy, respect for human dignity, prosperity, and the future. However, the reality today is that the EU has failed to welcome Kosovars into its so-called family. We have always been ‘almost’ European.
If we are seen as European, then why are we asked to act like it? How often has, say, a German citizen or a Belgian citizen been asked to act European? How do we express our Europeanness if we are constantly pushed away? How can we act like members of a family if that family doesn’t embrace us as equals?
I certainly don’t feel at home when I’m in an airport, often apprehensive of how my conversation with the customs officer will go. “Do I have enough cash? Have I printed out my invitation letter, my hotel reservation, and my return flight ticket? Do I look okay?” These are some of the questions running through my head.
“EU citizens” and “All passports” say the signs in many of the EU countries’ airports I have been to. Some are citizens, some are merely passports. Some may say this is a mere technicality, but language is not technical. Language is political. Denying nearly two million citizens their freedom of movement is political.
“Technical” is the term the EU has used to describe Kosovo’s visa liberalization process. A technicality that has dragged on for more than a decade. In 2012 Kosovo received its visa roadmap and by 2016 Kosovo’s government had fulfilled all of its 93 requirements (43 more than other Balkan countries). We demonstrated that we are ready and committed.
However, after that the EU introduced another two new requirements. In 2018 Kosovo fulfilled those too. Only in late 2022, did the European Parliament and Council finally announce Kosovo’s visa liberalisation by 2024 at the latest.
Was it a technical process? Clearly not.
This became evident over the years, as exemplified by President Emmanuel Macron’s recent declarations where he lightly uses phrases such as “on review” and “it is an open issue”, when speaking about visa liberalisation, even though the decision has already been made. Now, the visa liberalisation is being used as leverage to ensure that Kosovo “behaves as instructed” in its negotiations with Serbia, mediated by the EU.
On numerous occasions I have encountered activists, journalists, artists and scholars from the EU who are still surprised and shocked when I recount the hurdles I had to go through in order to be with them, in an EU country. Many of them are genuinely unaware.
That kind of innocence and unawareness underscores the invisibility of our experiences. Our experiences speak of an exclusionary EU. My fellow EU citizens should stand against exclusion, through media, activism and the arts. This shouldn’t remain an issue that Kosovars have to deal with alone. Our experiences illustrate that the so-called European family needs a critical assessment from within so that Europeanness becomes something I want to identify with.
As a Kosovar citizen, I’m not looking for a family. An entity that delivers on its promises and respects human rights will suffice.
Aulonë is the Senior Editor of Kosovo 2.0 magazine. She has a bachelor’s degree in political science from the University of Prishtina and a graduate certificate in women, gender, and sexuality studies from the University of Kansas, U.S. Aulonë wanted to tell us about her “strange” relationship with the EU.
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Pristina, le 8 novembre 2023
Un jour, alors que j’étais confortablement assise sur mon fauteuil de cinéma, j’aperçois une de mes amies installée juste à côté de moi. La séance n’avait pas encore commencé, alors nous nous sommes mises à discuter de tout et de rien. Et je ne sais plus trop pourquoi, je prononce le mot “avion”. Une sorte de malaise s’installe immédiatement. Mon amie m’explique en riant qu’elle ne veut plus entendre parler d’avion après avoir récemment dû endurer toute les procédures nécessaires pour obtenir un visa.
Ce mot était devenu pour elle synonyme d’excursion à la mairie pour des certificats de naissance, à la banque pour des extraits de comptes, au bureau de l’assurance maladie et enfin au centre qui gère les demandes de visa. Évidemment, ce ressenti, je le comprenais et le partageais. Son expérience n’est que trop familière.
En discutant avec elle, je me suis souvenu de ma dernière demande de visa et de la dernière fois que j’ai pris l’avion. J’ai fait toutes ces démarches des dizaines de fois. Le nombre de portes auxquelles il faut frapper est sans fin, tout comme est sans fond ce sentiment de voir son humanité reniée à chaque fois qu’il faut fournir une montagne de documents pour prouver qu’on mérite de monter à bord d’un avion en direction de l’UE.
Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander combien d’autres Kosovar·e·s dans ce cinéma partageaient ce sentiment à l’égard des avions.
Le ciné était plein de jeunes, qui quelques années auparavant, lorsque le Kosovo a déclaré son indépendance, étaient célébré·e·s comme les Jeunes Européen·ne·s, un label apposé sur nous par le gouvernement lors d’une campagne médiatique. Nous étions les nouveaux Européen·ne·s, prêt·e·s à rejoindre la grande et accueillante famille des autres Européen·ne·s.
Cette campagne montrait à quel point le Kosovo avait associé le terme Européen·ne et l’identité européenne à ceux d’espoir, de démocratie, de respect de la dignité humaine, de prospérité… de futur. Cependant, notre réalité aujourd’hui, c’est celle d’une Europe qui a été flattée par cette identification, mais a échoué à accueillir les Kosovars dans sa soi-disante famille. À la place, nous sommes resté·e·s presque Européen·ne·s.
Si nous sommes perçu·e·s comme européen·ne·s, pourquoi nous demande-t-on de nous conduire comme tel ? Demande-t-on à un·e citoyen·ne allemand·e ou belge d’agir comme un·e Européen·e ? Comment exprimer notre “européanité” si on nous rejette tout le temps ? Comment se comporter comme les membres d’une famille si cette famille ne nous considère comme son égal ?
Je ne me sens pas chez moi à chaque fois que je vais à l’aéroport. Je me demande comment va se passer ma rencontre avec le·la douanier·ère. Des questions comme : “Est-ce que j’ai assez de cash ? Est-ce que j’ai imprimé ma lettre d’invitation, ma réservation d’hôtel, mon billet retour ? Est-ce que j’ai l’air OK ?” défilent dans ma tête.
“EU citizens” et “All passports” disent les panneaux dans la plupart des aéroports de l’UE où je suis allée. Certain·e·s sont des citoyen·se·s, d’autres de simples passeports. Certain·e·s disent que c’est juste un terme technique, mais le langage n’est pas technique. Le langage est politique. Renier la liberté de mouvement de près de deux millions de personnes est politique.
“Technique”, c’est le qualificatif aussi utilisé par l’UE pour décrire le processus de libéralisation des visas pour le Kosovo. Une technicité qui s’est étalée sur plus d’une décennie. En 2012, le Kosovo a reçu sa feuille de route pour les visas et en 2016 le gouvernement avait rempli chacun des 93 prérequis (43 de plus que les autres pays des Balkans). Nous avons prouvé que nous étions prêt·e·s et impliqués.
Puis l’UE a introduit deux critères supplémentaires. En 2018, le Kosovo remplissait aussi ces deux nouvelles conditions. Et c’est seulement en 2022 que le Parlement et le Conseil européens ont annoncé la libéralisation des visas pour 2024 au plus tard.
Est-ce que c’était un processus “technique” ? Je ne crois pas.
C’est devenu évident au fil des années, comme le montre les récentes déclarations du président Emmanuel Macron dans lesquelles ils utilisent des expressions comme “conditionnée” ou “réexaminable” à propos de cette libéralisation des visas, bien que la décision ait été prise. Désormais, elle est utilisée comme levier pour s’assurer que le Kosovo agisse “de façon responsable” dans ses négociations avec la Serbie, arbitrées par l’UE.
À de nombreuses reprises, j’ai rencontré des activistes, journalistes, artistes, universitaires de l’UE qui sont toujours surpris·es et choqué·e·s lorsque je leur raconte tous les obstacles que je dois surmonter pour être avec eux, dans un pays de l’UE. Beaucoup d’entre eux n’en ont sincèrement pas conscience.
Cette innocence et cette ignorance soulignent l’invisibilité de nos expériences. Nos expériences parlent d’une UE qui exclut. Mes confrères et consœurs qui attendent dans la queue des “EU citizens” devraient s’élever contre cette exclusion, à travers les médias, l’activisme, l’art. Ça ne doit pas rester un problème que les Kosovares affrontent seul·e·s. Nos expériences montrent que la soi-disante famille européenne a besoin d’une évaluation critique de l’intérieur, afin que l’européanité devienne quelque chose à quoi j’ai de nouveau envie de m’identifier.
En tant que Kosovare, je ne cherche pas une famille. Une entité qui respecte ses promesses et les droits humains suffira.
Aulonë est la rédactrice en chef de Kosovo du magazine Kosovo 2.0. Elle a fait ses études en sciences politiques et genre à l’Université de Prishitina et du Kansas aux États-Unis et voulait nous parler de son rapport “étrange” à l’UE.
Ce témoignage a d’abord été publié dans notre newsletter In Vivo. Pour recevoir d’autres histoires similaires assorties de recommandations culturelles toutes les deux semaines, abonnez-vous gratuitement à notre newsletter.
Pristina, 8 novembre 2023
Un giorno, mentre ero comodamente seduta sulla poltrona del cinema, mi sono resa conto che proprio accanto a me c’era un’ amica. Il film non era ancora iniziato e ci siamo così messe a chiacchierare del più e del meno. Non ricordo più come, ma ad un certo punto ho parlato del viaggiare in “aereo” creando però subito un clima di imbarazzo. La mia amica si mette a ridere e mi spiega che non vuole più sentire la parola “aereo”, avendo recentemente affrontato le procedure di richiesta di un visto.
Per lei quella parola era diventata sinonimo di procedure infinite come visite al municipio per i certificati di nascita, alla banca per gli estratti conto, all’ufficio di assicurazione sanitaria e, infine, al centro che gestisce le domande per il visto. Ovviamente non potevo che comprendere e condividere i suoi sentimenti. La sua esperienza mi è fin troppo familiare.
Parlare con lei mi ha ricordato l’ultima mia richiesta di visto e l’ultimo mio volo. Ho fatto tutte queste cose decine di volte. Il numero di porte a cui devi bussare è infinito, così come la sensazione di veder negata la tua umanità ogni volta che devi fornire una montagna di documenti per dimostrare che meriti, anche tu, di salire su un aereo per l’UE.
Non ho potuto fare a meno di chiedermi quantɜ altrɜ kosovarɜ presentɜ al cinema condividessero questa sensazione sugli aerei.
Il cinema era pieno di giovanɜ che qualche anno prima, quando il Kosovo aveva dichiarato la propria indipendenza, erano statɜ riconosciutɜ come Giovanɜ Europeɜ, un’etichetta affibbiata dal governo in una campagna mediatica. Noi, lɜ nuovɜ europeɜ, eravamo prontɜ ad unirci alla famiglia accogliente dellɜ altrɜ europeɜ.
La volontà del Kosovo di identificarsi con l’Europa era evidente durante quella campagna: abbiamo infatti associato i termini europei e identità europea a quelli di speranza, democrazia, rispetto della dignità umana, prosperità e futuro. Tuttavia, la realtà odierna è che l’Europa ne è uscita gratificata, ma non è riuscita ad accogliere lɜ kosovarɜ nella sua cosiddetta famiglia. Al contrario, siamo rimastɜ europeɜ a metà.
Se già eravamo europeɜ, allora perché chiederci di diventarlo? Ad unə tedescə o ad un belga viene chiesto di comportarsi da europeo? Come esprimere la nostra identità europea se ogni volta siamo respinti? Come comportarsi con i membri della propria famiglia, se non siamo considerati alla pari?
Ogni volta che vado in aeroporto non mi sento a casa. Mi chiedo come andrà il mio incontro con il doganiere. “Ho abbastanza contanti? Ho stampato la lettera di invito, la prenotazione dell’hotel e il biglietto di ritorno? Ho un aspetto gradevole?” sono le domande che mi frullano in testa.
“Cittadini dell’UE” e “Tutti i passaporti” recitano i cartelli nella maggior parte degli aeroporti dell’UE in cui sono stata. Alcunɜ sono cittadinɜ, altrɜ solo passaporti. Alcunɜ dicono che è solo un termine tecnico, ma il linguaggio non è tecnico. Il linguaggio è politica. Negare la libertà di movimento a quasi due milioni di persone è politica.
“Tecnico” è il termine usato anche dall’UE per descrivere il processo di liberalizzazione dei visti per il Kosovo. Un tecnicismo che dura da oltre un decennio. Nel 2012 il Kosovo ha ricevuto la sua tabella di marcia per i visti e nel 2016 il governo ha soddisfatto tutti i 93 prerequisiti (43 in più rispetto agli altri Paesi balcanici). Abbiamo dimostrato di essere pronti e determinati.
Poi l’UE ha introdotto due criteri aggiuntivi. Nel 2018, il Kosovo ha soddisfatto anche queste due nuove condizioni. E solo nel 2022 il Parlamento europeo e il Consiglio hanno annunciato la liberalizzazione dei visti per il 2024 al più tardi.
Si è trattato di un processo tecnico? Non credo.
Questo è diventato evidente nel corso degli anni, come dimostrano le recenti dichiarazioni del presidente Emmanuel Macron in cui si usano espressioni come “condizionato” o “rivedibile” nel riferirsi alla liberalizzazione dei visti, anche se la decisione è stata presa. Viene usata inoltre come leva per garantire che il Kosovo agisca “responsabilmente” nei negoziati con la Serbia, arbitrati dall’UE.
In molte occasioni, incontrando attivistɜ, giornalistɜ, artistɜ e accademicɜ dell’UE mi sono resa conto che sono scioccati quando racconto loro di tutti gli ostacoli che devo superare per recarmi in un Paese dell’UE. Molti di loro sono davvero ignarɜ di tutto questo.
Questa mancanza di informazione sottolinea l’invisibilità della nostra situazione. Le nostre storie parlano di un’ Unione Europea che esclude. I miei fratelli e le mie sorelle che aspettano nella coda dei “cittadini dell’UE” dovrebbero denunciare questa esclusione, attraverso i media, l’attivismo, l’arte. Questo non deve rimanere un problema che lɜ kosovarɜ affrontano da solɜ. Le nostre storie dimostrano che la cosiddetta famiglia europea ha bisogno di un punto di vista critico al suo interno, in modo che l’europeismo diventi qualcosa in cui voglio identificarmi di nuovo.
Come kosovara, non cerco una famiglia: un’entità che mantenga le sue promesse e rispetti i diritti umani sarebbe sufficiente.
Aulonë è la redattrice per il Kosovo della rivista Kosovo 2.0. Ha studiato scienze politiche e genere all’Università di Prishitina e in Kansas negli Stati Uniti, e ha voluto parlarci del suo “strano” rapporto con l’UE.
Questa testimonianza è stata pubblicata in origine sulla nostra newsletter In Vivo. Per ricevere ogni quindici giorni altre storie simili con consigli culturali, iscriviti alla nostra newsletter gratuita.
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