N° 19 – No farmer, no future

February 26, 2024

Salzkotten, 14th February
I learned from an early age what it means to have a farm. As a farmer, I can’t just close my laptop and call it a day. As a farmer, I have to get up at three in the morning if the animals aren’t doing well, and I don’t get that much sleep during the harvest anyway. As a farmer’s child, I never went on holiday with my family.

We have a farm with 100 sows, 500 pigs and a bit of arable farming: rapeseed, wheat, and barley for the animals. I grew up with it but only became interested in working in the barn much later on. It was only after I finished school that I decided I wanted to become a farmer. I didn’t want an office job.

Farming runs in the family. My dad is a farmer. My grandpa still works on the farm from time to time. My brother is currently writing his bachelor’s thesis in agricultural sciences and also works on the farm. So, the farm is pretty male-dominated.

I study agricultural sciences too, but whenever I have time I also help out, castrating piglets, washing the barn, or tilling the field for example. Wherever I’m needed, whatever’s on the agenda. I discuss the farm a lot with my dad, he asks what my brother and I think.

For example, there was a new regulation in 2021 whereby pigs have to have more space. Sows must have five square meters. So, our barn now has to have an outside pen, which is very expensive and time-consuming to build. My dad and I discussed whether to expand the barn or reduce the number of sows.

Since the beginning of the year, I’ve also been doing something else for the farm: going to the farmers’ demonstrations in my region and in Berlin with my dad. My first demonstration was at the beginning of January in Paderborn. We set off from the farm at eight o’clock with two tractors. Then we drove through the neighboring villages and picked up friends. We drove in a convoy to the meeting point at the stadium.

I thought the tractors wouldn’t stop. More and more people came to protest on their tractors. Everyone who had time took part. Seeing all these people made me feel proud. There was a big sense of unity among us.

With 1000 participants, we then made a round trip along the B1, the autobahn. The tractors blocked the road for quite a while and people on the sidelines gave us a thumbs up. It gave me the feeling that I was doing something important.

In the reports on the protests, a lot has been written about the right-wingers using the demonstrations for their purposes. I would like to distance myself from this. I think it’s stupid and perhaps also unfair that they are distracting from our demands in this way. The protest is about an entire profession and our concerns, and not about removing the government.

Above all, I was protesting for more planning security. New rules are constantly being introduced. You can’t keep up with them. We are left alone with the implementation, and the process is often very bureaucratic.

Predictability is particularly important for me as a young farmer. If we invest a lot of money in converting the barn now, and in three years the measures are outdated again, then it’s no longer worthwhile for us. Nobody can afford to constantly rebuild the farm! If I have to shut down the farm in ten years time because it’s no longer profitable, then there’s no point studying it.

German farmers already demonstrated back in 2019 – against stricter fertilizer requirements at that time. I have the feeling that nothing has really changed. The anger from back then is still present. It would be good if someone who has animals in their barn had a say.

The animals on our farm are very close to my heart. Who doesn’t dream of turning their passion into a career? Of course, the job is exhausting, but when I look out at the field and see the grasses growing that I planted myself, it gives me a very special feeling. I want to do this job my whole life. I want to have a future as a farmer. But I’m not sure what this future will look like.

Vivienne

Vivienne grew up on her family farm in North Rhine-Westphalia, Germany. She is now studying agricultural sciences to become a farmer like her grandfather, father, and brother. But she worries about the future for German farmers.

 

This story was originally published in our In Vivo newsletter. To receive other similar stories with cultural recommendations every fortnight, subscribe to our free newsletter.

N°19 – Vivienne à la ferme (et à la manif)

February 26, 2024

Salzkotten, 14 février
J’ai appris dès le plus jeune âge ce que veut dire avoir une ferme. En tant qu’agricultrice, je ne peux pas fermer mon ordi le soir et décréter que la journée est finie. En tant qu’agricultrice, je me lève à 3h si les animaux ne vont pas bien et je ne me repose pas tellement plus en période de moisson. En tant que fille d’agriculteur, je ne suis jamais partie en vacances avec ma famille.

Nous avons une ferme avec 100 truies, 500 cochons et quelques champs arables : du colza, du blé et de l’orge pour les animaux. J’ai grandi là-dedans, mais j’ai envisagé très tard d’y travailler. C’est seulement après le lycée que je me suis dit que je voulais devenir fermière. Je ne voulais pas d’un travail de bureau.

La ferme, c’est dans nos gènes. Mon père est fermier. Mon grand-père l’était aussi et continue à travailler avec nous de temps en temps. Mon frère est en train de rédiger son mémoire en sciences et technologies de l’agriculture et travaille sur l’exploitation. C’est donc une ferme à la gestion assez masculine.

Mais j’étudie aussi l’agronomie et dès que j’ai le temps, j’aide par exemple à castrer les porcelets, nettoyer la grange ou labourer les champs. Je donne un coup de main là où il y a besoin. Et je parle beaucoup de la ferme avec mon père. Il nous demande souvent notre avis à mon frère et à moi.

Ça a par exemple été le cas pour la nouvelle régulation de 2021 qui demande plus d’espace pour les cochons. Chaque truie doit désormais disposer de cinq mètres carrés. Et notre porcherie doit comporter un espace extérieur. Ça coûte très cher et ça prend du temps de faire ce type de travaux. Avec mon père, nous discutons donc des différentes options : agrandir la porcherie ou diminuer le nombre de truies.

Depuis la fin de l’année dernière, il y a autre chose que je fais pour la ferme : je participe aux manifestations d’agriculteur·ice·s dans ma région et à Berlin avec mon père. La première fois, c’était à Paderborn, à côté de là où j’habite. Nous sommes parti·e·s de la ferme à 8h pétantes avec deux tracteurs. Nous sommes passé·e·s prendre des ami·e·s dans les villages alentour. Puis nous avons organisé un convoi jusqu’au point de rendez-vous, le stade de Paderborn.

Je me disais : les tracteurs ne vont jamais s’arrêter. Il y en avait toujours plus qui arrivaient. Toutes celles et ceux qui avaient le temps étaient là. Je me suis sentie fière à la vue de tous ces gens. Il y avait une grande cohésion.

Avec environ 1 000 participant·e·s, nous avons fait un aller-retour sur l’autobahn B1. Les tracteurs ont bloqué cet axe pendant un temps. Les gens sur les côtés nous félicitaient en levant le pouce. J’avais l’impression de faire quelque chose d’important.

Dans les reportages sur les manifs, il a beaucoup été question de la récupération du mouvement par l’extrême droite. Je me tiens à l’écart de tout ça. Je pense que c’est stupide et assez injuste qu’iels détournent l’attention de nos demandes de cette façon. La contestation a pour but de faire entendre les préoccupations de toute une profession, pas de faire tomber le gouvernement.

Moi, je manifeste en particulier pour exiger plus de visibilité. De nouvelles réglementations sont constamment introduites. On ne peut pas suivre. Le processus est souvent très bureaucratique et, nous, on se retrouve seul·e pour la mise en place.

Pouvoir prévoir, c’est très important pour moi, en tant que jeune fermière. Si on investit beaucoup d’argent pour les travaux de la porcherie, mais que dans trois ans de nouvelles mesures font que ce n’est de nouveau plus aux normes, alors ça ne vaut plus le coup pour nous. Personne ne peut se permettre de constamment reconstruire sa ferme ! Si je dois arrêter l’activité dans dix ans parce que ce n’est plus rentable, alors ça ne sert à rien que j’étudie les sciences de l’agriculture aujourd’hui.

Les agriculteur·ice·s manifestaient déjà en 2019 – il était à l’époque question de nouvelles règles plus strictes sur la limitation des fertilisants. J’ai le sentiment que rien n’a changé depuis. Ce serait bien que quelqu’un qui a un élevage ait son mot à dire au niveau politique.

Comme mes collègues, je chéris les animaux que nous avons à la ferme. Qui ne rêve pas de faire de sa passion une carrière ? Bien sûr, le métier est épuisant, mais quand je vois les plantes céréalières que j’ai plantées sortir de terre, je ressens quelque chose de très spécial. Je veux faire ce travail toute ma vie. Je veux avoir un futur en tant qu’agricultrice. Mais je ne sais pas ce dont ce futur sera fait.

Vivienne

Vivienne a grandi dans la ferme familiale en Rhénanie du Nord-Westphalie, en  Allemagne. Elle étudie les sciences et technologies de l’agriculture pour devenir fermière comme son grand-père, son père et son frère. Mais elle s’inquiète du futur des agriculteur·ice·s allemand·e·s.

 

Ce témoignage a d’abord été publié dans notre newsletter In Vivo. Pour recevoir d’autres histoires similaires assorties de recommandations culturelles toutes les deux semaines, abonnez-vous gratuitement à notre newsletter.

N°19 – Lavorare sul campo

February 26, 2024

Salzkotten, 14 febbraio
Ho imparato fin da piccola cosa significhi avere un’impresa agricola. Come agricoltrice, non posso semplicemente tirare giù lo schermo del PC e concludere così la mia giornata. Come agricoltrice, devo alzarmi alle tre di notte se gli animali non stanno bene – e comunque non dormo mai tanto durante il raccolto. Essendo figlia di contadinɜ, non sono mai andata in vacanza con la mia famiglia.

Abbiamo un’azienda agricola con 100 scrofe, 500 maiali e un po’ di terreni coltivati a colza, grano e orzo per gli animali. Sono cresciuta in questo ambiente, ma mi sono interessata al lavoro in stalla solo molto più tardi. Solamente dopo aver finito la scuola ho deciso che volevo diventare un’agricoltrice. Non volevo un lavoro d’ufficio.

La nostra è un’azienda agricola di famiglia: mio padre è un agricoltore, mio nonno lavora ancora in fattoria di tanto in tanto. Mio fratello sta scrivendo la sua tesi di laurea in scienze agrarie e lavora anche lui nell’azienda agricola. È una fattoria piuttosto dominata dagli uomini, la nostra.

Anch’io studio scienze agrarie, ma ogni volta che ho tempo do una mano, ad esempio castrando i maialini, lavando la stalla o dissodando i campi. Aiuto dove e quando c’è bisogno. Parlo molto della fattoria con mio padre, mi chiede cosa ne pensiamo io e mio fratello.

Per esempio, ora c’è un nuovo regolamento che prevede che i maiali debbano avere più spazio. Adesso bisogna garantire cinque metri quadrati di area per ogni scrofa. Quindi ora la nostra stalla necessiterà di uno spazio esterno, che è molto costoso e richiede molto tempo per la costruzione. Io e mio padre non sappiamo se ampliare la struttura o ridurre il numero di scrofe.

Dalla fine dell’anno scorso, ho fatto anche qualcos’altro per l’azienda agricola: andare insieme a mio padre alle manifestazioni dellɜ agricoltorɜ, nella mia regione e a Berlino. La mia prima manifestazione è stata all’inizio di gennaio a Paderborn. Siamo partitɜ dalla fattoria alle otto con due trattori. Abbiamo attraversato i villaggi vicini e abbiamo raggiunto alcunɜ amicɜ. Abbiamo così formato un convoglio fino ad arrivare al punto di incontro, lo stadio di Paderborn.

Pensavo che i trattori non si sarebbero fermati. Sempre più persone si sono unite alla protesta e sono venute con i loro mezzi. Tuttɜ quellɜ che avevano tempo hanno partecipato. Vedere tutte queste persone mi ha fatto sentire orgogliosa. C’era un grande senso di unità tra di noi.

Abbiamo poi fatto un giro lungo l’autostrada B1. I trattori hanno bloccato la strada per un bel po’ e la gente ai lati ci accoglieva con il pollice all’insù. Ho avuto la sensazione di fare qualcosa di importante.

Negli articoli sulle proteste è stato scritto molto sul fatto che la destra abbia usato le manifestazioni per i suoi scopi. Vorrei prendere le distanze da questo. Penso che sia stupido e forse anche ingiusto che distolgano l’attenzione dalle nostre richieste in questo modo. La protesta riguarda un’intera categoria professionale e le nostre preoccupazioni, non riguarda la caduta del governo.

Soprattutto, stavo protestando per avere una maggiore visibilità. Vengono introdotte continuamente nuove regole, è impossibile starci dietro. Nella loro attuazione veniamo lasciatɜ solɜ e ci dobbiamo sobbarcare spesso il peso di molta burocrazia.

La pianificazione è particolarmente importante per me che sono una giovane agricoltrice. Non varrebbe la pena per noi investire ora molto denaro nella conversione del fienile per vedere che poi, magari, tra tre anni, le misure sono già diventate obsolete. Nessuno può permettersi di ricostruire costantemente la propria azienda! Se tra dieci anni dovrò chiuderla perché non è più redditizia, allora non ha senso che oggi studi scienze dell’agricoltura.

Gli agricoltori tedeschi hanno già manifestato nel 2019 contro i requisiti più severi del governo in materia di fertilizzanti. Ho la sensazione che non sia cambiato nulla. La rabbia di allora è ancora presente. Sarebbe bello se qualcuno che ha un allevamento potesse dire la sua.

Gli animali della nostra fattoria mi stanno molto a cuore. Chi non sogna di trasformare la propria passione in una carriera? Certo, il lavoro è faticoso, ma quando guardo i campi e vedo crescere l’erba che ho piantato io stessa, provo qualcosa di speciale. Voglio fare questo lavoro per tutta la vita. Voglio avere un futuro in agricoltura, sebbene non sappia che forma potrà assumere.

Vivienne

Vivienne è cresciuta nella fattoria di famiglia nella Renania Settentrionale-Vestfalia, in Germania. Ora studia scienze agrarie per diventare un’agricoltrice come suo nonno, suo padre e suo fratello. È però preoccupata per il futuro dellɜ agricoltorɜ tedeschɜ.

 

Questa testimonianza è stata pubblicata in origine sulla nostra newsletter In Vivo. Per ricevere ogni quindici giorni altre storie simili con consigli culturali, iscriviti alla nostra newsletter gratuita.

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